En cette rentrĂ©e, il mâest donnĂ© de rencontrer de nombreux agents pastoraux du diocĂšse. Ils sont des centaines et mĂȘme des milliers.Ils sâinvestissent pour le nettoyage ou le fleurissement des lieux de culte. Ils chantent dans des chorales, sont membres dâun mouvement ou dâune Petite CommunautĂ© EcclĂ©siale. Ils font le catĂ©chisme. Ils oeuvrent Ă la sacristie, au secrĂ©tariat du presbytĂšre ou pour le service des malades ou des dĂ©shĂ©ritĂ©s. Beaucoup, dans les Ă©quipes ou les mouvement, ont une mission de leadership pastorale alors que dâautres forment les adultes au catĂ©chumĂ©nat, Ă la prĂ©paration au baptĂȘme ou au mariage. Plus visibles, Ă la messe, sont les membres des Ă©quipes dâaccueil, de comptage, de servants, de chantres. Il y a les ministres extraordinaires, ceux chargĂ©s de proclamer la Parole de Dieu, ceux qui animent les funĂ©railles ou ceux qui donnent la communion⊠et bien sĂ»r, les ministres instituĂ©s, les diacres et les prĂȘtresâŠ
Mais comment considérer toutes ces personnes ?
Selon une certaine mentalitĂ©, trĂšs prĂ©sente chez nous, ils seraient des prestataires bĂ©nĂ©voles pour les « gens » qui frĂ©quentent la paroisse. Leur engagement dans lâĂ©glise consisterait Ă venir offrir au grand « public » catholique des compĂ©tences diverses et variĂ©es. Ces fonctions devenant leurs raisons dâĂȘtre dans lâĂglise et parfois dans la sociĂ©tĂ© ! Dans cette vision des choses, la paroisse serait une structure matĂ©rielle, un centre paroissial avec lâĂ©glise et diffĂ©rentes salles autour du presbytĂšre. LĂ , on trouverait une institution associative hiĂ©rarchisĂ©e avec un prĂȘtre et diffĂ©rents subalternes au service public du religieux ! Viendraient Ă la paroisse les « gens » qui veulent bĂ©nĂ©ficier de diffĂ©rentes offres selon leurs besoins⊠un peu comme Ă la mairie. Ils seraient aussi les « spectateurs » plus ou moins anonymes des liturgies oĂč se dĂ©ploient les prestations les plus prestigieuses : le fleurissement, les chants, le service, lâaccueil, les annonces et surtout le sermon du curĂ©. Le curĂ© Ă©tant lui aussi considĂ©rĂ© comme un « employĂ© » venu faire son « job ». En retour, le « public » doit se comporter dâune certaine façon, se plier, sans mots-dire, aux horaires, Ă la chaleur et Ă toute sorte dâinconfort. Sâil est satisfait, il revient, sinon⊠il sâen va ailleurs. Les fidĂšles engagĂ©s considĂšrent alors leur fonction comme un grade, un pouvoir, un prĂ©-carrĂ©, une reconnaissance, dans lâadministration paroissiale. Cela arrange aussi bien ceux qui ne veulent pas sâengager que ceux qui veulent jouer aux chefs ! Dans cette Ă©glise-lĂ , on installe les salles de rĂ©union comme Ă lâĂ©cole : avec un bureau « de professeur » (le chef, celui qui est au-dessus et qui va parler) devant des chaises en rang les unes derriĂšre les autres (pour ceux qui vont Ă©couter sagement⊠avec leur tĂ©lĂ©phone pour ceux du fond !).
Dans notre Ăglise, au contraire, tout fidĂšle (jeune ou ancien, irrĂ©gulier ou assidu, bien-portant ou malade, de la derniĂšre ou de la premiĂšre heure) est appelĂ© Ă devenir un disciple missionnaire, un maillon de la chaine, un serviteur de tous les autres. Dans lâĂglise de JĂ©sus-Christ, il nây a pas de « gens » anonymes qui viennent demander un service, il nây a que des frĂšres et soeurs Ă aimer que lâon sait reconnaĂźtre par leur prĂ©nom Ă lâĂglise comme dans la ville. Dans nos liturgies, il nây a pas de « public » mais des assemblĂ©es formĂ©es et Ă©duquĂ©es Ă participer pleinement, activement et consciemment. Dans notre famille, il nây a pas de potentats jaloux de leurs prĂ©rogatives et maĂźtres dâune partie de lâĂglise, mais des serviteurs inutiles et disponibles, prĂȘts Ă se retirer et heureux de voir dâautres marcher avec eux et prendre part Ă la mission dans la communion. Dans cette Ă©glise-lĂ , toutes les salles de rĂ©union sont disposĂ©es en cercle pour que chacun se voit et soit invitĂ© Ă prendre la parole. Ainsi commence la fraternitĂ© !
+ Fr David Macaire, ArchevĂȘque de Saint-Pierre et Fort-de-France
En cette rentrĂ©e, il mâest donnĂ© de rencontrer de nombreux agents pastoraux du diocĂšse. Ils sont des centaines et mĂȘme des milliers.Ils sâinvestissent pour le nettoyage ou le fleurissement des lieux de culte. Ils chantent dans des chorales, sont membres dâun mouvement ou dâune Petite CommunautĂ© EcclĂ©siale. Ils font le catĂ©chisme. Ils oeuvrent Ă la sacristie, au secrĂ©tariat du presbytĂšre ou pour le service des malades ou des dĂ©shĂ©ritĂ©s. Beaucoup, dans les Ă©quipes ou les mouvement, ont une mission de leadership pastorale alors que dâautres forment les adultes au catĂ©chumĂ©nat, Ă la prĂ©paration au baptĂȘme ou au mariage. Plus visibles, Ă la messe, sont les membres des Ă©quipes dâaccueil, de comptage, de servants, de chantres. Il y a les ministres extraordinaires, ceux chargĂ©s de proclamer la Parole de Dieu, ceux qui animent les funĂ©railles ou ceux qui donnent la communion⊠et bien sĂ»r, les ministres instituĂ©s, les diacres et les prĂȘtresâŠ
Mais comment considérer toutes ces personnes ?
Selon une certaine mentalitĂ©, trĂšs prĂ©sente chez nous, ils seraient des prestataires bĂ©nĂ©voles pour les « gens » qui frĂ©quentent la paroisse. Leur engagement dans lâĂ©glise consisterait Ă venir offrir au grand « public » catholique des compĂ©tences diverses et variĂ©es. Ces fonctions devenant leurs raisons dâĂȘtre dans lâĂglise et parfois dans la sociĂ©tĂ© ! Dans cette vision des choses, la paroisse serait une structure matĂ©rielle, un centre paroissial avec lâĂ©glise et diffĂ©rentes salles autour du presbytĂšre. LĂ , on trouverait une institution associative hiĂ©rarchisĂ©e avec un prĂȘtre et diffĂ©rents subalternes au service public du religieux ! Viendraient Ă la paroisse les « gens » qui veulent bĂ©nĂ©ficier de diffĂ©rentes offres selon leurs besoins⊠un peu comme Ă la mairie. Ils seraient aussi les « spectateurs » plus ou moins anonymes des liturgies oĂč se dĂ©ploient les prestations les plus prestigieuses : le fleurissement, les chants, le service, lâaccueil, les annonces et surtout le sermon du curĂ©. Le curĂ© Ă©tant lui aussi considĂ©rĂ© comme un « employĂ© » venu faire son « job ». En retour, le « public » doit se comporter dâune certaine façon, se plier, sans mots-dire, aux horaires, Ă la chaleur et Ă toute sorte dâinconfort. Sâil est satisfait, il revient, sinon⊠il sâen va ailleurs. Les fidĂšles engagĂ©s considĂšrent alors leur fonction comme un grade, un pouvoir, un prĂ©-carrĂ©, une reconnaissance, dans lâadministration paroissiale. Cela arrange aussi bien ceux qui ne veulent pas sâengager que ceux qui veulent jouer aux chefs ! Dans cette Ă©glise-lĂ , on installe les salles de rĂ©union comme Ă lâĂ©cole : avec un bureau « de professeur » (le chef, celui qui est au-dessus et qui va parler) devant des chaises en rang les unes derriĂšre les autres (pour ceux qui vont Ă©couter sagement⊠avec leur tĂ©lĂ©phone pour ceux du fond !).
Dans notre Ăglise, au contraire, tout fidĂšle (jeune ou ancien, irrĂ©gulier ou assidu, bien-portant ou malade, de la derniĂšre ou de la premiĂšre heure) est appelĂ© Ă devenir un disciple missionnaire, un maillon de la chaine, un serviteur de tous les autres. Dans lâĂglise de JĂ©sus-Christ, il nây a pas de « gens » anonymes qui viennent demander un service, il nây a que des frĂšres et soeurs Ă aimer que lâon sait reconnaĂźtre par leur prĂ©nom Ă lâĂglise comme dans la ville. Dans nos liturgies, il nây a pas de « public » mais des assemblĂ©es formĂ©es et Ă©duquĂ©es Ă participer pleinement, activement et consciemment. Dans notre famille, il nây a pas de potentats jaloux de leurs prĂ©rogatives et maĂźtres dâune partie de lâĂglise, mais des serviteurs inutiles et disponibles, prĂȘts Ă se retirer et heureux de voir dâautres marcher avec eux et prendre part Ă la mission dans la communion. Dans cette Ă©glise-lĂ , toutes les salles de rĂ©union sont disposĂ©es en cercle pour que chacun se voit et soit invitĂ© Ă prendre la parole. Ainsi commence la fraternitĂ© !
+ Fr David Macaire, ArchevĂȘque de Saint-Pierre et Fort-de-France