Mettez les chaises en cercle !


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dimanche 17 septembre 2023
DiocĂšse de Martinique

Dans notre famille, il n’y a pas de potentats jaloux de leurs prĂ©rogatives et maĂźtres d’une partie de l’Église, mais des serviteurs inutiles et disponibles, prĂȘts Ă  se retirer et heureux de voir d’autres marcher avec eux et prendre part Ă  la mission dans la communion. Dans cette Ă©glise-lĂ , toutes les salles de rĂ©union sont disposĂ©es en cercle pour que chacun se voit et soit invitĂ© Ă  prendre la parole. Ainsi commence la fraternitĂ© !

 En cette rentrĂ©e, il m’est donnĂ© de rencontrer de nombreux agents pastoraux du diocĂšse. Ils sont des centaines et mĂȘme des milliers.Ils s’investissent pour le nettoyage ou le fleurissement des lieux de culte. Ils chantent dans des chorales, sont membres d’un mouvement ou d’une Petite CommunautĂ© EcclĂ©siale. Ils font le catĂ©chisme. Ils oeuvrent Ă  la sacristie, au secrĂ©tariat du presbytĂšre ou pour le service des malades ou des dĂ©shĂ©ritĂ©s. Beaucoup, dans les Ă©quipes ou les mouvement, ont une mission de leadership pastorale alors que d’autres forment les adultes au catĂ©chumĂ©nat, Ă  la prĂ©paration au baptĂȘme ou au mariage. Plus visibles, Ă  la messe, sont les membres des Ă©quipes d’accueil, de comptage, de servants, de chantres. Il y a les ministres extraordinaires, ceux chargĂ©s de proclamer la Parole de Dieu, ceux qui animent les funĂ©railles ou ceux qui donnent la communion
 et bien sĂ»r, les ministres instituĂ©s, les diacres et les prĂȘtres


Mais comment considérer toutes ces personnes ?

Selon une certaine mentalitĂ©, trĂšs prĂ©sente chez nous, ils seraient des prestataires bĂ©nĂ©voles pour les « gens » qui frĂ©quentent la paroisse. Leur engagement dans l’église consisterait Ă  venir offrir au grand « public » catholique des compĂ©tences diverses et variĂ©es. Ces fonctions devenant leurs raisons d’ĂȘtre dans l’Église et parfois dans la sociĂ©tĂ© ! Dans cette vision des choses, la paroisse serait une structure matĂ©rielle, un centre paroissial avec l’église et diffĂ©rentes salles autour du presbytĂšre. LĂ , on trouverait une institution associative hiĂ©rarchisĂ©e avec un prĂȘtre et diffĂ©rents subalternes au service public du religieux ! Viendraient Ă  la paroisse les « gens » qui veulent bĂ©nĂ©ficier de diffĂ©rentes offres selon leurs besoins
 un peu comme Ă  la mairie. Ils seraient aussi les « spectateurs » plus ou moins anonymes des liturgies oĂč se dĂ©ploient les prestations les plus prestigieuses : le fleurissement, les chants, le service, l’accueil, les annonces et surtout le sermon du curĂ©. Le curĂ© Ă©tant lui aussi considĂ©rĂ© comme un « employĂ© » venu faire son « job ». En retour, le « public » doit se comporter d’une certaine façon, se plier, sans mots-dire, aux horaires, Ă  la chaleur et Ă  toute sorte d’inconfort. S’il est satisfait, il revient, sinon
 il s’en va ailleurs. Les fidĂšles engagĂ©s considĂšrent alors leur fonction comme un grade, un pouvoir, un prĂ©-carrĂ©, une reconnaissance, dans l’administration paroissiale. Cela arrange aussi bien ceux qui ne veulent pas s’engager que ceux qui veulent jouer aux chefs ! Dans cette Ă©glise-lĂ , on installe les salles de rĂ©union comme Ă  l’école : avec un bureau « de professeur » (le chef, celui qui est au-dessus et qui va parler) devant des chaises en rang les unes derriĂšre les autres (pour ceux qui vont Ă©couter sagement
 avec leur tĂ©lĂ©phone pour ceux du fond !).

Dans notre Église, au contraire, tout fidĂšle (jeune ou ancien, irrĂ©gulier ou assidu, bien-portant ou malade, de la derniĂšre ou de la premiĂšre heure) est appelĂ© Ă  devenir un disciple missionnaire, un maillon de la chaine, un serviteur de tous les autres. Dans l’Église de JĂ©sus-Christ, il n’y a pas de « gens » anonymes qui viennent demander un service, il n’y a que des frĂšres et soeurs Ă  aimer que l’on sait reconnaĂźtre par leur prĂ©nom Ă  l’Église comme dans la ville. Dans nos liturgies, il n’y a pas de « public » mais des assemblĂ©es formĂ©es et Ă©duquĂ©es Ă  participer pleinement, activement et consciemment. Dans notre famille, il n’y a pas de potentats jaloux de leurs prĂ©rogatives et maĂźtres d’une partie de l’Église, mais des serviteurs inutiles et disponibles, prĂȘts Ă  se retirer et heureux de voir d’autres marcher avec eux et prendre part Ă  la mission dans la communion. Dans cette Ă©glise-lĂ , toutes les salles de rĂ©union sont disposĂ©es en cercle pour que chacun se voit et soit invitĂ© Ă  prendre la parole. Ainsi commence la fraternitĂ© !

+ Fr David Macaire, ArchevĂȘque de Saint-Pierre et Fort-de-France

 En cette rentrĂ©e, il m’est donnĂ© de rencontrer de nombreux agents pastoraux du diocĂšse. Ils sont des centaines et mĂȘme des milliers.Ils s’investissent pour le nettoyage ou le fleurissement des lieux de culte. Ils chantent dans des chorales, sont membres d’un mouvement ou d’une Petite CommunautĂ© EcclĂ©siale. Ils font le catĂ©chisme. Ils oeuvrent Ă  la sacristie, au secrĂ©tariat du presbytĂšre ou pour le service des malades ou des dĂ©shĂ©ritĂ©s. Beaucoup, dans les Ă©quipes ou les mouvement, ont une mission de leadership pastorale alors que d’autres forment les adultes au catĂ©chumĂ©nat, Ă  la prĂ©paration au baptĂȘme ou au mariage. Plus visibles, Ă  la messe, sont les membres des Ă©quipes d’accueil, de comptage, de servants, de chantres. Il y a les ministres extraordinaires, ceux chargĂ©s de proclamer la Parole de Dieu, ceux qui animent les funĂ©railles ou ceux qui donnent la communion
 et bien sĂ»r, les ministres instituĂ©s, les diacres et les prĂȘtres


Mais comment considérer toutes ces personnes ?

Selon une certaine mentalitĂ©, trĂšs prĂ©sente chez nous, ils seraient des prestataires bĂ©nĂ©voles pour les « gens » qui frĂ©quentent la paroisse. Leur engagement dans l’église consisterait Ă  venir offrir au grand « public » catholique des compĂ©tences diverses et variĂ©es. Ces fonctions devenant leurs raisons d’ĂȘtre dans l’Église et parfois dans la sociĂ©tĂ© ! Dans cette vision des choses, la paroisse serait une structure matĂ©rielle, un centre paroissial avec l’église et diffĂ©rentes salles autour du presbytĂšre. LĂ , on trouverait une institution associative hiĂ©rarchisĂ©e avec un prĂȘtre et diffĂ©rents subalternes au service public du religieux ! Viendraient Ă  la paroisse les « gens » qui veulent bĂ©nĂ©ficier de diffĂ©rentes offres selon leurs besoins
 un peu comme Ă  la mairie. Ils seraient aussi les « spectateurs » plus ou moins anonymes des liturgies oĂč se dĂ©ploient les prestations les plus prestigieuses : le fleurissement, les chants, le service, l’accueil, les annonces et surtout le sermon du curĂ©. Le curĂ© Ă©tant lui aussi considĂ©rĂ© comme un « employĂ© » venu faire son « job ». En retour, le « public » doit se comporter d’une certaine façon, se plier, sans mots-dire, aux horaires, Ă  la chaleur et Ă  toute sorte d’inconfort. S’il est satisfait, il revient, sinon
 il s’en va ailleurs. Les fidĂšles engagĂ©s considĂšrent alors leur fonction comme un grade, un pouvoir, un prĂ©-carrĂ©, une reconnaissance, dans l’administration paroissiale. Cela arrange aussi bien ceux qui ne veulent pas s’engager que ceux qui veulent jouer aux chefs ! Dans cette Ă©glise-lĂ , on installe les salles de rĂ©union comme Ă  l’école : avec un bureau « de professeur » (le chef, celui qui est au-dessus et qui va parler) devant des chaises en rang les unes derriĂšre les autres (pour ceux qui vont Ă©couter sagement
 avec leur tĂ©lĂ©phone pour ceux du fond !).

Dans notre Église, au contraire, tout fidĂšle (jeune ou ancien, irrĂ©gulier ou assidu, bien-portant ou malade, de la derniĂšre ou de la premiĂšre heure) est appelĂ© Ă  devenir un disciple missionnaire, un maillon de la chaine, un serviteur de tous les autres. Dans l’Église de JĂ©sus-Christ, il n’y a pas de « gens » anonymes qui viennent demander un service, il n’y a que des frĂšres et soeurs Ă  aimer que l’on sait reconnaĂźtre par leur prĂ©nom Ă  l’Église comme dans la ville. Dans nos liturgies, il n’y a pas de « public » mais des assemblĂ©es formĂ©es et Ă©duquĂ©es Ă  participer pleinement, activement et consciemment. Dans notre famille, il n’y a pas de potentats jaloux de leurs prĂ©rogatives et maĂźtres d’une partie de l’Église, mais des serviteurs inutiles et disponibles, prĂȘts Ă  se retirer et heureux de voir d’autres marcher avec eux et prendre part Ă  la mission dans la communion. Dans cette Ă©glise-lĂ , toutes les salles de rĂ©union sont disposĂ©es en cercle pour que chacun se voit et soit invitĂ© Ă  prendre la parole. Ainsi commence la fraternitĂ© !

+ Fr David Macaire, ArchevĂȘque de Saint-Pierre et Fort-de-France